Le recrutement est un problème commun à de nombreux industriels. S’il en fallait la preuve, la réunion de travail du Territoire d’industrie Nevers Val de Loire, mardi 9 avril à Nevers, l’apporterait sans peine, tant le sujet a monopolisé les discussions. Une question d’image pour un pan de l’économie tombé en disgrâce auprès des jeunes.
La question de Jean-Christophe Trontin, directeur de l’aciérie Aperam d’Imphy, n’aura pas de réponse parmi ses collègues chefs ou cadres d’entreprise : « Quand on a 13 ans, est-ce qu’on a envie d’être soudeur ? Est-ce qu’on a envie d’être ouvrier chez Aperam ? » Silence dans l’amphithéâtre de Nevers Agglomération, dans lequel une trentaine de chefs d’entreprise ou cadres du Territoire d’industrie Nevers Val de Loire étaient réunis, mardi 9 avril.
Recruter, donner aux jeunes Nivernais l’envie (d’avoir envie) de faire carrière dans l’industrie, est un problème auquel se heurtent la quasi totalité des patrons du territoire. A l’origine du mal, un déficit d’image du travail en usine, et une autre cause plus profonde, invoquée par Jean-Christophe Trontin : l’impact psychologique de décennies de désindustrialisation. « On a tellement réduit l’emploi, cela a laissé des traces dans les familles. » La visite de collégiens dans son usine ravive pourtant un peu d’espoir : « Un ou deux m’ont dit que ce qu’ils avaient vu leur avait donné envie de travailler chez nous. »
Recruter, innover, attirer des projets et simplifier, tels sont les points cardinaux du dispositif Territoires d’industrie, pour lequel le val de Loire nivernais a été retenu – de Decize à Cosne-sur-Loire en passant par Imphy, Magny-Cours, Nevers et La Charité-sur-Loire. Quelques jours après le versant charito-cosnois, c’était au tour du secteur sud du Territoire d’industrie Nevers Val de Loire de vivre une première réunion de travail. Vice-président de Nevers Agglomération en charge du développement économique, Louis-François Martin a mené les débats et rappelé l’enjeu : accoucher d’un projet industriel en juin prochain, et proposer des actions susceptibles d’être financées par un dispositif promettant 1,36 milliard d’euros d’aides aux 136 Territoires d’industrie. « Cela pourrait faire 10 millions d’euros par Territoire », calcule à voix haute l’élu de la communauté d’agglomération. « Mais tout dépendra de la qualité de nos projets. Et ces projets reposent sur vos besoins. Nous, élus, sommes là pour vous accompagner. »
Le déploiement du très haut débit et de la fibre optique dans la Nièvre, les transitions écologique et numérique ont été évoqués lors de cette « réunion de contact », mais les orateurs ont invariablement aimanté leurs interventions vers le recrutement : « C’est le point crucial pour chacun d’entre nous », résume Jean-Pierre Allaux, directeur d’Eurosit et vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie. « Et quand je vois le nombre de chômeurs et nos problèmes de recrutement, en tant que chef d’entreprise, j’ai du mal à comprendre. »