L’opération séduction de l’industrie auprès des bénéficiaires du PLIE

L’opération séduction de l’industrie auprès des bénéficiaires du PLIE

A l’occasion de la Semaine de l’industrie, deux entreprises, Laser Fusion (Coulanges-lès-Nevers) et Nexson (Garchizy), ont rencontré des bénéficiaires du Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE) de Nevers Agglomération. Avec un double objectif : abraser les idées préconçues sur le monde industriel et en montrer les perspectives d’épanouissement et de carrière.

Quelques jours après le succès de la série Germinal sur France 2, Emmanuel Boudet voit la Semaine de l’industrie comme l’occasion rêvée de montrer que l’usine de 2021 n’a plus rien à voir avec « l’image de Zola ». Le patron fondateur de Laser Fusion – et président de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Nièvre – est venu dans les locaux de Nevers Agglomération, vendredi 26 novembre, livrer un vibrant plaidoyer pour « son » univers industriel.

« Je veux montrer que l’industrie est un endroit où on peut s’épanouir, travailler avec plaisir et gagner correctement sa vie. Et non, le sol de nos ateliers n’est pas en terre battue, au contraire, on pourrait presque manger par terre », expliquait-il avant de présenter son entreprise à des bénéficiaires et référents du Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE). Une opération séduction soigneusement argumentée : « Le pilotage d’une machine est très facile. Quelqu’un qui n’a pas de bagage particulier peut y arriver. Ce qu’on attend de nos salariés, c’est du savoir-être, venir avec envie, ne pas voir le travail comme une contrainte. Le savoir-faire, on s’en occupe. »

Créée en 1994, Laser Fusion a grandi patiemment, sans brûler les étapes, pour devenir « l’un des leaders français de la découpe au laser », avec un chiffre d’affaires de 4 M€ et « 250 000 pièces découpées chaque mois » : « Nous sommes actuellement 25 salariés. Nous étions 30 avant le Covid. » S’il n’a pas de besoin particulier de recrutement pour l’instant, Emmanuel Boudet s’est déplacé pour défendre l’industrie : « Sans elle, on se retrouve à l’âge de pierre. »

Autre « pépite » locale, Nexson avait dépêché Emma Gozzi, responsable RH, et Sharon Nuno Cordova, responsable de la vente de pièces de rechange et du développement des marchés, pour présenter l’entreprise, spécialisée dans la conception et la fabrication d’échangeurs de chaleur, et surtout un état d’esprit : « On est comme une famille, on est toujours là les uns pour les autres. » Une culture injectée par le fondateur de Nexson, Charles Bonnafous, qui a fait de son « bébé » un leader mondial, et de Garchizy un épicentre international, le tout en moins de dix ans : « 98 % de notre production part à l’étranger. Nous avons 250 clients dans 80 pays. »

Engagée dans un nouvel agrandissement de ses locaux, l’entreprise aura besoin de renforcer son effectif (80 salariés) : « Nous manquons de candidats », explique Emma Gozzi. Et ce malgré une ouverture d’esprit dans les embauches, et la priorité donnée aux qualités humaines plus que techniques : « Ce que nous fabriquons est tellement spécifique que nous formons en interne. Nous sommes surtout très attachés au savoir-être. Le profil que nous recherchons, c’est le goût du travail en équipe, le respect des autres, la passion, la détermination, le dynamisme, l’adaptabilité et l’appartenance. »

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Un bilan positif à mi-parcours

Un bilan positif à mi-parcours

Lancée fin 2019, la dynamique du Territoire d’industrie Nevers Val de Loire se révèle aussi séduisante que pertinente, comme l’a montré le comité local du 5 juillet. A 18 mois du terme du contrat, les avancées sont significatives dans plusieurs domaines, tels que la réhabilitation de friches et les actions de promotion de l’industrie. L’élan créé par les entreprises et les collectivités est appelé à s’inscrire sur le long terme pour effacer les stigmates de la crise sanitaire et redorer l’image des métiers de l’industrie.

En s’appuyant sur des binômes industriels-élus et en plaçant les attentes des entreprises au cœur de la réflexion, le programme national Territoires d’industrie tranche avec les expériences passées. Dix-huit mois après son lancement officiel sur l’axe ligérien, de Cercy-la-Tour à Cosne-sur-Loire, le Territoire d’industrie Nevers Val de Loire valide sans détours l’originalité et l’efficacité du concept.

Le comité local du 5 juillet, dans l’amphithéâtre de Nevers Agglomération, a donné la mesure du chemin parcouru depuis la signature du protocole, en octobre 2019. Au mitan des 36 mois du contrat, le point d’étape a d’ores et déjà montré la nécessité d’un travail d’équipe entre les entreprises et les collectivités locales.

« Territoires d’industrie s’inscrit dans la durée », a souligné Denis Thuriot, maire de Nevers, président de Nevers Agglomération et copilote du Territoire avec Jean-Christophe Trontin, directeur de l’aciérie imphycoise Aperam. « Il nous a donné un temps d’avance et a été un catalyseur de relance pendant la pandémie. Un bel élan a été impulsé dans la Nièvre, et nous incite à avoir une vision à long terme du développement économique. »

Le vice-président du Conseil régional, Hicham Boujlilat, les députés Perrine Goulet et Patrice Perrot, et le préfet Daniel Barnier ont tour à tour salué l’efficacité de ce dispositif dans la Nièvre, une terre industrielle confrontée à plusieurs défis de taille – les difficultés de recrutement, les virages écologique et numérique. « Si nous avons pu résister en 2020, c’est parce qu’il y a des attentes fortes », a insisté Jean-Christophe Trontin. « La crise n’enlève pas nos ambitions de développement ni notre volonté de relever le défi de l’écologie et celui de l’attractivité auprès des jeunes, qui est le plus grand de nos défis. »

Le défrichage au sein des groupes de travail sur 2019-2020 s’est traduit par l’élaboration de sept fiches-actions (voir plus bas), qui ont commencé à sortir du virtuel pour entrer dans le réel : « Trente-six mois, c’est beaucoup et peu à la fois. 2021 est l’année des résultats. » Trois fiches, parmi les plus avancées, ont été présentées par leur pilote référent : la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), par Tristan Lacombe, directeur du Pôle Engins au Technicentre industriel Nevers Languedoc de la SNCF ; la réhabilitation de friches industrielles, par Jérôme Ferré, chef du pôle Développement économique de la Communauté de communes du Sud-Nivernais ; la campagne de communication Osez l’industrie !, par David Szymyslik, chef de projet Territoire d’industrie.

Le retard pris sur d’autres fiches-actions n’a pas été éludé. Une transparence saluée par Daniel Barnier : « J’apprécie cette approche pragmatique, concrète, où l’on fait le point sur ce qui marche bien et ce qui marche moins bien. » La conjonction, dans les différentes instances du Territoire d’industrie, des regards des industriels, des élus et des techniciens constitue, aux yeux de Jean-Christophe Trontin, l’une des plus grandes vertus de ce dispositif à l’échelle de Nevers Val de Loire : « Cette initiative nous amène à sortir de notre cadre, à voir comment faire autrement. Nous avons plaisir à travailler ensemble, à avoir des points de vue complémentaires. Maintenant, ce plaisir doit transpirer. » Et d’écarter tout satisfecit anesthésiant : « Si nous étions les meilleurs, tous les jeunes voudraient se battre pour entrer dans nos entreprises. »

 

Les sept fiches-actions

  • Patrimoine immobilier et fiches industrielles
  • Transition écologique et environnementale
  • Travailler et vivre sur le territoire
  • Promotion de l’industrie et de ses métiers
  • Projet innovant dans la filière bois
  • Plateforme technologique autour de la fabrication additive métallique
  • Industrie du futur et usine 4.0.